Le couvent des Carmes

Le couvent des Carmes

70, rue de Vaugirard Paris VI

Construits à partir de 1613, les bâtiments abritent les “Carmes Déchaussés” jusqu’en mars 1793.
Le monastère s’étendait alors de la rue de Vaugirard jusqu’aux rues du Regard et du Cherche-Midi.
L’église du couvent est transformée le 11 août 1792 en dépôt pour les prêtres réfractaires arrêtés autour de Saint-Sulpice et à Issy. Cent soixante prêtres et laïcs y sont incarcérés dont 116 sont massacrés le 2 septembre alors que les moines sont enfermés dans les combles.
En mars 1793 le couvent est loué à un nommé Langlois, traiteur qui avait eu la charge de nourrir les prisonniers; Langlois y installe un bal et une guinguette qui fonctionneront jusqu’en décembre 1793.
En décembre 1793, le couvent est transformé en prison et le reste jusqu’au 8 décembre 1794. En 1795 les bâtiments sont affectés à un magasin d’approvisionnement.
Le 8 août 1797 le domaine est vendu en entier à un entrepreneur de bâtiments à charge pour lui de livrer gratuitement le terrain nécessaire au percement de deux rues, le tracé de l’une d’elle (la rue d’Assas actuelle) étant déjà arrêté. Pour sauver les bâtiments de la destruction, Sœur Camille de Soyecourt rachète, 15 jours plus tard, l’église et une partie des bâtiments et y installe immédiatement ses carmélites. L’église est rouverte au culte le 29 août par Mgr de Maillé de la Tour-Landry, ex évêque de Gap, en présence d’une foule immense. Les carmélites remettent en état église et bâtiments, rachètent progressivement les terrains du jardin et recueillent les reliques des martyrs.
En 1841 les carmélites ne pouvant assurer l’entretien des bâtiments les vendent à l’archevêché et s’installent dans des bâtiments plus petits au 89, rue de Vaugirard (elles sont maintenant à Créteil).
En 1845 Mgr Affre fonde dans les locaux une “Ecole des hautes études ecclésiastiques”. Lacordaire y enseignera de 1849 à 1853. En 1875 l’Ecole devient l’Institut Catholique.
En 1867 le percement de la rue de Rennes ampute le jardin et entraîne la disparition de la chapelle des martyrs et du puits où avaient été jetés leurs restes ; des fouilles sont entreprises en mai et juin et aboutissent à l’exhumation des restes des martyrs. Le procès-verbal en date du 6 juillet 1867 conclu, après examen des ossements retrouvés, que 90 personnes environ avaient été jetées dans le puits dont deux femmes et trois enfants de moins de dix ans. Ces reliques sont déposées dans la crypte de l’église modifiée à cet effet, à côté du caveau contenant la tombe de Mme de Soyecourt.
Il reste l’église, le bâtiment de moines entourant le cloître (actuelle salle des actes), le couloir et le perron du massacre, une salle dite “des épées” (traces de sang laissées par trois épées), au dessus du perron, et une partie du jardin. Dans la crypte sont conservées outre les ossements retrouvés dans le puits, les boiseries et une partie du pavement de la chapelle du jardin (qui se trouvait à l’emplacement du 112 de la rue de Rennes et détruite lors du percement de cette voie).

Une plaque sur la façade rue de Vaugirard évoque le souvenir des prêtres martyrs.